[edX] Visualizing Japan

Je crois que ça commence à se voir, que je préfère les MOOC culturels, non ? Bon, il y a bien ceux d’astrophysique, et… Bah, peu importe. Oui, aujourd’hui c’est encore un MOOC historique que je te propose, et il est encore épatant : en même temps, “Visualizing Japan” est le fruit d’une collaboration entre Harvard et le MIT, c’est plutôt engageant.

Enseigner l’Histoire peut se faire de plusieurs (bonnes) façons. Il y a les exposés méthodiques, chronologiques ou thématiques, qui décortiquent le sujet sous tous les angles pour t’aider à te construire une vision globale (The French Revolution). Il y a également les travaux pratiques, les recherches/fouilles/transcriptions qui te plongent les mains dans le cambouis, dans la trame d’un passé toujours plus complexe qu’on ne l’imagine (Deciphering Secrets).

On peut aussi aborder un thème, une époque au travers d’un prisme particulier. Cela peut être l’étude d’objets en apparence ordinaire (Tangible Things), ou plus généralement l’iconographie : c’est le parti pris par “Visualizing Japan”. L’entrée du Japon dans l’ère moderne y est traitée à travers l’étude approfondie d’une collection de tableaux, posters, journaux, cartes postales, etc.

Visualizing JapanLe MOOC est divisé en trois sections (avec des transitions entre chaque :

  • “Black Ships & Samurai” : l’ouverture, ou plutôt la réouverture à l’Occident, suite à l’expédition du Commodore Matthew Perry en 1853-54 ;
  • “The Hibiya Riot” : la révolte populaire de 1905 contre le traité de paix russo-japonais, et l’émergence des mouvements sociaux au Japon ;
  • “Shiseido & Consumer Culture” : l’explosion artistique, culturelle et économique du Japon des années 20-30, vue au travers des publicités et magazines de l’enseigne Shiseido (le L’Oréal japonais en quelque sorte).

Ces trois périodes sont de formidables témoins de l’évolution subtile de l’équilibre entre tradition et modernité, entre isolationnisme et ouverture, entre troubles politiques internes et tentations impérialistes. Ce que nous, occidentaux, connaissons du Japon avant la seconde guerre mondiale se résume souvent à des stéréotypes : obéissance aveugle à l’empereur, système semi-féodal, rejet de la modernité… Ce MOOC jette une toute autre lumière sur ce Japon méconnu et donne une vision passionnante, tout en nuances, d’une société à la fois fragile et beaucoup plus souple qu’on ne l’imagine.

Le sujet et la manière dont il est abordé sont donc excellents ; et, ô joie, la réalisation est à la hauteur. Les vidéos sont parfaites (HD, sous-titres impeccables, aucune erreur de synchro), les enseignants sont captivants (mention spéciale pour le Pr Dower dont la diction, l’élégance des propos et la justesse de ton m’ont donné envie d’applaudir à chaque vidéo), et les ressources iconographiques sont extrêmement bien intégrées à la plateforme edX. Je songe, ébahi, aux milliers d’heures de travail nécessaires à la collection de tous ces documents, à leur restauration, leur numérisation et bien sûr leur interprétation… Cela force le respect.

Il y a quelques livres, quelques films ou séries qui, à leur dernière page ou image, m’ont submergé d’une intense gratitude. De la sensation d’être privilégié d’avoir pu vivre ces instants. C’est une communion étrange avec une œuvre, l’impression qu’elle était parfaite, non pas objectivement, mais pour moi : elle a rempli une case de mon puzzle intérieur qu’elle seule pouvait occuper. Bref, voilà, certains MOOC me font le même effet, et “Visualizing Japan” est le dernier en date… 🙂

Une suite est prévue : “Visualizing Postwar Tokyo” (en deux parties). Je suis déjà inscrit. Et toi ?

 

Évaluation


Technique : 10/10


Pédagogie : 8/10

Intérêt : 10/10

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