J’espérais énormément de ce MOOC. Pense donc : “L’avenir de la décision : connaître et agir en complexité” c’est la pensée d’Edgar Morin, en français, dans un cours organisé par l’ESSEC ; ça ne peut que donner des étincelles, non ?
Je suis donc arrivé sur Coursera, plein d’entrain, avec une floppée d’amis twittos (coucou ! ♥) fans d’Edgar Morin. C’était un lundi, et j’étais tout excité en songeant que je pourrais caler ce MOOC chaque lundi soir, comme l’astrophysique le mardi… Oui, avant même de commencer, c’était un des deux MOOC “phares” de ma semaine de learnholic.
Le charme ne s’est pas rompu lors des premières vidéos. Il faut dire que voir Edgar Morin nous parler, vif et subtil comme un gamin, c’est réjouissant. Ses vidéos sont sobres et bien enregistrées, et on lui pardonne volontiers quelques lapsus : c’est tellement mieux qu’un marketeux qui lit son prompteur…
Et puis, au fil des semaines, la magie s’estompe. Sans doute pour plein de petites raisons. Il y a ces vidéos d’intervenants (profs de l’ESSEC, etc), parfois excellentes, parfois ridicules tant elles se noient dans la masturbation intellectuelle. Il y a aussi les forums, que le système de notation pousse à fréquenter (ça c’est très bien) mais qui sont terriblement bordéliques et même parfois impraticables…
Il y a aussi, et ça me tracasse de l’admettre, le cours d’Edgar Morin en lui-même. Sa réflexion est juste, judicieuse, elle pose question… mais elle ne fait souvent qu’effleurer les sujets qu’elle aborde. Sa capacité à s’intéresser à tout et à mettre en lien des notions scientifiques ou culturelles apparemment distantes plaît évidemment à un “généraliste” comme moi, mais elle devient frustrante à force de généralisations. C’est d’ailleurs absurde : son principal message, c’est d’accepter la complexité, de refuser la simplification car elle mène à l’erreur… mais c’est exactement ce qu’il fait !
Je me doute bien qu’il a été soumis à de fortes contraintes temporelles, Coursera n’apprécie guère les vidéos de 30 minutes… Il se montre naturellement plus précis dans ses écrits. Quoi qu’il en soit, je suis resté sur ma faim, et lorsque la dernière semaine est arrivée, je ne me suis pas jeté dessus, j’étais presque content que cela se termine…
Attention, ne crois pas que tout est à jeter : ce “MOOC Morin” est une expérience intéressante, et je pense que la notoriété combinée du sociologue et de l’école partenaire a permis à des milliers de participants de tenter l’aventure (beaucoup étaient de nouveaux venus dans l’univers des MOOC, apparemment) et d’approfondir leur réflexion sur les sujets abordés. Hormis le manque de structure des forums, techniquement c’est un MOOC très réussi.
Ce qui me chiffonne vraiment, vois-tu, c’est que j’ai fini par conclure que lire le dernier livre d’Edgar Morin est une meilleure manière de comprendre la complexité que ce MOOC. Il devrait toujours y avoir une valeur ajoutée pour qu’un cours en ligne soit plus efficace qu’un livre ou que Wikipedia ; ici, ça aurait pu venir des forums, mais l’organisation était mauvaise, il aurait fallu s’inspirer de “Better Leader, Richer Life” par exemple. Et sinon, je ne vois pas où se situe l’intérêt d’en faire un MOOC.
C’est donc une petite déception pour un MOOC très attendu ; tu me trouves peut-être sévère, n’hésite pas à donner ton avis ci-dessous. 😉
Évaluation
Technique : 8/10
Pédagogie : 6/10
Intérêt : 5/10
Aaah le MOOC Morin! Comme toi je l’ai entendu excitée comme une gamine la veille de Noël et pus la magie c’est aussi estompée. Pour moi 2 raisons :
1/ j’ai été déçue de l’activité fil rouge et déçue qu’elle s’arrete si tôt. Le résultat est qu’il y a et une désertion du forum. Les gens ne sont venus que contraints et forcés. Ça se voit très bien puisque beaucoup postent leur petit laïus sur la question thématique et ne s’intéresse pas au reste. Moi j’ai pris le parti de répondre à des gens qui étaient ignores pour essayer de provoquer un échange, mais difficile de s’y retrouver.
2/ le cours en lui même. Sur les semaines 4 et 5 j’ai et le sentiment de quelque chose de très déconnecté. Je crois que tt a basculé avec l’interview d’une jeune diplômée de l’école qui avait un tic verbal odieux, puis l’interview de la semaine suivante l’intervenant faisait la promotion de l’ESSEC point final. J’ai décroché, mais je vais au bout.
Étrangement je retiens que ce MOOC est pour moi l’un de ceux qui a été le mieux fait. Des vidéos d’une excellente qualité, quizz + devoir maison… Un très bon équilibre. Mais j’appréciesans doute un peu plus le MOOC sur les manager et les philosophes avec des devoirs originaux et qui obligent à une vraie réflexion et au final peu de vidéos qui restent courtes. Idéal pour garder l’élève captivé.
Nous sommes assez en phase donc… J’ai été moins patient que toi sur le forum, devoir scroller 300 messages ça m’a vite gonflé. Et oui, certains intervenants “ESSEC inside” étaient très agaçants. ^^
Merci pour ton commentaire ! 🙂
Je souscris totalement à cet avis… J’adore Edgar Morin, sa pensée me guide depuis très longtemps j’étais donc très motivée et enthousiasmée à l’idée de ce MOOC.
Retrouver Edgar Morin a été un vrai bonheur le reste fut plutôt décevant : des quiz vraiment inutiles et mal fichus, des forums très mal organisé (impossible de s’y retrouver !), des consignes floues mais des critères d’évaluations stricts et fermés et un dispositif pédagogique qui ne m’a pas convaincue du tout.
J’ai heureusement eu le réflexe de publier sur mon blog la problématique présentée dans le cadre du MOOC et les échanges via Twitter ont été bien plus riches et porteurs pour moi que ce qui s’est passé dans le cadre du MOOC.
Dernier reproche, fermer l’accès au MOOC dès demain, soit le lendemain de l’arrêt, ne permet pas à ceux qui ont pris un peu de retard de finir tranquillement ni à ceux qui voudraient y revenir de le faire ! Ceux qui n’auront pas téléchargé le contenu avant vont être bien déçus !!!
Merci Stéphanie. Concernant la date de fermeture, en effet, edX et FutureLearn sont beaucoup plus souples que Coursera et laissent généralement les cours accessibles pendant plusieurs mois ; je suis souvent retourné picorer quelques infos bien après la fermeture d’un MOOC… Coursera le permet parfois, mais de moins en moins : dommage.
En ce qui concerne les quizzes, je ris souvent de constater que choisir systématiquement la réponse la plus longue donne entre 70 et 90% de réussite (et c’est souvent ainsi dans les MOOC, hormis ceux d’astrophysique, encore eux ; Emergence of Life était une autre exception). L’absence de pédagogues expérimentés se fait cruellement sentir… ^^
Matthieu, Stéphanie,
en lisant tout ceci, j’ai ressenti moi aussi une grande déception.
Nous avons fait circuler ce billet en interne car nous le jugions honnête et porteur d’amélioration pour le mooc, mais à la lecture des commentaires qui suivent, j’avoue sombrer dans la consternation…
Je retiens donc que ce dispositif pédagogique mal fichu et truffé de généralités aura gracieusement permis à certains d’entre vous d’alimenter des échanges et des réflexions de qualité sur leurs blogs (copieusement twittés et retwités sur le hashtag moocmorin…)
Si nous avons pu vous rendre ce service, c’est avec plaisir (on est comme ça à l’ESSEC…)
Bonjour Claire,
Merci pour ton commentaire ; ça fait plaisir de savoir que nos avis sont pris en compte même quand ils sont mitigés ou grognons. 🙂
Si ta consternation vient de ma remarque sur les quizzes, je me dois de préciser mon propos (en me relisant je vois qu’il n’est pas très clair) : je parlais des MOOC d’une façon générale. Que ce soit sur Coursera, edX ou ailleurs, très souvent les QCM posent problème : soit ils contiennent des erreurs, soit certaines questions sont mal posées, soit les propositions trahissent la “bonne” réponse (longueur, précision du vocabulaire…). J’ai déjà fait mention de ce problème dans d’autres articles ; d’après ce que j’ai constaté, c’est souvent lié au fait que les quizzes ne sont pas préparés par les enseignants eux-mêmes.
Bref, c’était une remarque générale, j’ai vu des quizzes bien pires que ceux du “MOOC Morin”, des meilleurs aussi. Pour être précis, j’ai trouvé les questions intéressantes, mais les réponses proposées étaient souvent ambiguës et choisir la plus longue était souvent gagnant.
Si ce sont mes propos sur certaines vidéos d’enseignants et intervenants, désolé si c’est un peu brut de décoffrage mais c’est sincère. Là encore, ce n’est pas la première fois que je grogne contre la “promo” (d’une école, université ou société), tu le verras si tu lis mes autres comptes-rendus ; je n’ai rien contre du moment que ça ne nuit pas à la qualité, et mon ressenti (comme celui de Stéphanie visiblement) c’est justement que certaines vidéos étaient vraiment déconnectées. D’une façon générale, multiplier ainsi les intervenants a tendance à brouiller le message (c’est un avis perso bien sûr).
Pour finir, j’espère que tu as compris que je me permets de critiquer pour deux raisons : parce que je compare avec d’autres MOOC, et parce que j’attendais beaucoup de celui-ci. Je ne me permettrais pas de dire que ce MOOC est “mal fichu”, je crois au contraire avoir souligné pas mal de choses positives. J’en ai tiré un certain nombre d’enseignements et réflexions, comme tous les participants je pense ; je crois qu’en améliorant la gestion du forum, en ajoutant un exercice évalué par les pairs (à la place de quelques quizzes ?), en retravaillant 2-3 vidéos “externes” et en proposant un peu de contenu optionnel (textes…) pour approfondir la pensée d’Edgar Morin, on tiendrait un vrai bijou. Ce sera peut-être pour une v2 ? 🙂
Merci d’avoir pris le temps de repréciser les choses Matthieu,
tes conclusions reflètent très justement les questions que nous nous sommes posées en concevant le dispositif et nous pensons effectivement retravailler une grande partie des points que tu évoques :
simplifier les quiz, sans les supprimer cependant car beaucoup de participants apprécient quand même de pouvoir s’évaluer.
Retravailler l’activité fil rouge pour mieux répartir la charge de travail et les échanges entre participants dans le temps et dans les forums (Peut être proposer des activités par équipes et non plus individuelles, ou sortir de coursera pour utiliser d’autres outils, d’autres modalités…)
Pour les vidéos, c’est plus difficile car toutes ont quelque chose à apporter, certaines ont paru plus pertinentes que d’autres à certains, mais pas aux autres, bref, cela demanderait de repenser le syllabus en profondeur, de raccourcir la durée du mooc en supprimant quelques passages ou de développer peut être, 2 moocs moins lourds et plus interactifs, à partir du mooc initial…
Dans l’ensemble, ce côté “patchwork collaboratif” auquel nous tenions et qui était très présent nous a permis de proposer quelque chose d’un peu original, mais en sacrifiant peut être de la cohérence de l’expérience pour l’apprenant.
Ce MOOC m’a aussi déçue car comme Matthieu et beaucoup d’autres qui se sont exprimé ici ou pas, j’en attendais beaucoup, trop sans doute. Au-delà de tous les défauts déjà mentionnés, qui peuvent se corriger avec le temps et au fil des Moocs, je m’interroge sur le fait que nous sommes nombreux à aimer Morin et à être venus sur ce Mooc pour cela. Mais, connaissant la subtilité et la complexité de sa pensée, nous avons été déçus. Peut-être eût-il mieux valu qu’un cours d’E. Morin sur un tel sujet soit distribué par le Collège de France par exemple, ou fasse l’objet d’un cours de philosophie intégré à un parcours préparatoire aux grands écoles sur la plateforme Sillage ?
Quand à l’activité fil rouge, elle manquait clairement d’encadrement et a surtout été prétexte à de petits arrangements entre amis, l’un disant à l’autre “j’ai ajouté + 2 à votre commentaires, merci de faire de même pour moi” 🙂 Encore une fois, pas du tout au niveau de ce qui était attendu dans un tel cours…
Haha le coup des réponses les plus longues ! 😉 mais ça ne marche pas avec Nagy. Encore une preuve de sa nature de MOOC Hero.
Un autre MOOC pas mal c’est Espace Mondial de Sciences Po sur FUN (là le coup des réponses trop longues marche assez bien).
Pour ma part, j ai trouvé ce mooc accessible au plus grand nombre et une belle entrée en matière sur le sujet de la complexité.