Avec tout le travail que j’ai en ce moment, j’ai tendance à éviter les MOOC trop chronophages, en particulier lorsqu’ils ont une composante scientifique prononcée. Pourtant, je suis allé jusqu’au bout de “Making Better Group Decisions : Voting, Judgement Aggregation and Fair Division” ; il va vraiment falloir que je t’explique pourquoi.
Il faut dire que j’ai été surpris par les premières minutes de cours. La page de présentation stipulait bien qu’aucune connaissance particulière en mathématiques n’était requise. Ben voyons… Je me suis retrouvé propulsé 16 ans en arrière, sur les bancs de la fac, avec des formules alambiquées et une foultitude de symboles étranges. Bon sang, les équations son tellement complexes que les 26 lettres de l’alphabet latin ne suffisent pas à définir les variables : on a droit aux lettres grecques, aux majuscules/minuscules, et même à la distinction scriptes/cursives !… Quelqu’un a une corde, svp ?
Et puis mon orgueil s’en est mêlé. “Hé, grosse feignasse, tu vas quand même pas abdiquer à la moindre difficulté quand même ? Je sais bien que t’as pris un coup de vieux, mais t’es pas ramolli du bulbe à ce point ? Si ?”
Je me suis donc accroché. Huit heures de travail pour la première semaine, dont trois rien que pour le quiz. Verdict : 16/18. Et boum, v’là la décharge de dopamine. Okayyy, je vais le finir, ce MOOC…
Je m’étais inscrit en espérant une présentation de divers systèmes de vote dans l’optique de la démocratie numérique ; j’ai finalement reçu un cours particulièrement riche sur la théorie du choix social, les paradoxes des systèmes de vote, les théorèmes d’impossibilité, etc. Un énorme point positif de ce MOOC, c’est qu’il est à jour de la recherche : il cite de nombreuses publications scientifiques, certaines datant d’à peine deux ans. Un vrai travail d’universitaire.
Les vidéos sont sobres, de bonne qualité (hormis le son qui sature un peu) ; les sous-titres sont extrêmement utiles car l’enseignant va vite. Il faut souvent faire pause pour suivre ses démonstrations. Si tu as déjà suivi un cours de maths post-bac, tu ne seras pas dépaysé. Si la capture d’écran ci-contre te fait frémir d’excitation, ce MOOC est pour toi, incontestablement. ^^
Les premiers quizzes sont ardus et parfois déroutants (oui, c’est là que je peux me permettre de faire le mariole avec mon 16/18) ; beaucoup d’apprenants ont quitté le MOOC (ah, ces jeunes, ça se décourage pour un rien… ^^) et l’enseignant a infléchi sa politique à partir de la semaine 4. Personnellement, cela m’a permis de ne plus passer qu’une heure par quiz, et j’ai apprécié.
La chute brutale du nombre d’étudiants actifs en semaine 2 s’est hélas ressentie sur les forums. Ils se sont dépeuplés et n’ont plus été véritablement animés à partir de ce moment ; on ne peut pas vraiment le reprocher au professeur (il est resté présent pour répondre à d’éventuelles questions), c’est juste que le sujet s’est avéré trop pointu pour un MOOC se prétendant accessible à tous.
Au final, qu’ai-je tiré de cette expérience ? J’ai chopé quelques claquages de neurones, je me suis dégourdi les synapses, et j’ai appris énormément de choses sur les systèmes de vote. Je comprends mieux désormais pourquoi le “range voting”, pourtant bien plus représentatif de la volonté populaire que le suffrage majoritaire, est peu employé : il faut être bien calé en maths pour l’expliquer et discuter de ses atouts et inconvénients. Vu le niveau de nos élus, autant dire que c’est peine perdue. Tant pis ; au moins je sais comment j’organiserai les délibérations en assemblée générale lorsque je serai aux commandes d’une multinationale… 😀
Évaluation
Technique : 7/10
Pédagogie : 7/10
Intérêt : 5/10
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